Par Zéla Traoré | Ingénieure Avant-Vente – Afrique
Série de réflexion sur le leadership à travers les voix de DGIT
Dans un monde où chaque organisation devient une entreprise numérique, les interfaces de programmation d’application (API) sont devenues les autoroutes invisibles de l’innovation moderne. Elles connectent les systèmes, améliorent l’expérience client et font fonctionner les écosystèmes numériques.
Mais à mesure que l’intégration s’accélère, un défi plus silencieux et plus complexe émerge : la prolifération des API et les applications fantômes.
Ce qui, au départ, devait permettre de développer plus vite et d’innover librement est aujourd’hui devenu l’un des plus grands angles morts de la cybersécurité. Dans de nombreuses entreprises africaines, les équipes déploient à toute vitesse des applications cloud, mobiles et SaaS – souvent sans réaliser les risques qu’elles introduisent en parallèle.
Qu’entend-on par prolifération des API et applications fantômes ?
La prolifération des API se produit lorsque les organisations créent et déploient des API plus rapidement qu’elles ne peuvent les inventorier ou les sécuriser. Différentes équipes peuvent développer leurs propres interfaces, laissant derrière elles des versions obsolètes ou des connexions en double. Au fil du temps, cela crée un écosystème fragmenté et difficile à surveiller.
Les applications fantômes, quant à elles, sont des applications ou des intégrations utilisées par les employés sans l’approbation ni la visibilité des équipes informatiques ou de sécurité. Qu’il s’agisse d’outils de partage de fichiers ou de solutions SaaS non autorisées, ces « raccourcis pratiques » contournent les politiques de l’entreprise et ouvrent des portes non protégées vers des données sensibles.
Pourquoi cette tendance devient-elle un risque majeur ?
Le risque est déjà bien réel. D’après une étude récente d’Akamai, 84 % des professionnels de la sécurité déclarent avoir subi un incident de sécurité lié à une API au cours de l’année écoulée, ce qui indique clairement que les menaces pesant sur les API ne sont pas hypothétiques, mais omniprésentes.
De plus, Imperva indique que 71 % du trafic web mondial transite aujourd’hui par des API, et que 27 % des attaques ciblent les vulnérabilités liées à la logique métier ceci indique que les cybercriminels exploitent désormais la manière dont les applications fonctionnent, et non seulement où elles sont hébergées.
Les attaquants apprécient les API car elles sont prévisibles, accessibles et souvent oubliées une fois déployées.
Un exemple marquant reste la fuite de données d’Optus (Australie, 2022) : une API exposée, sans authentification, a entraîné la divulgation de plus de 10 millions de dossiers clients, incluant passeports et permis de conduire. Résultat : des millions de dollars en coûts de remédiation, d’amendes et de perte de confiance.
Imaginez un scénario similaire au sein d’une banque ou d’un opérateur télécom africain, où la réglementation se renforce et où la confiance des clients se gagne difficilement. Avec une économie numérique africaine tirée par les API appelée à dépasser 200 milliards USD d’ici 2030 (IFC 2025), ce risque est tout sauf hypothétique. Il est bien présent.
Comment reprendre le contrôle ?
La réduction des risques liés à la prolifération des API et aux applications fantômes commence par la visibilité et la gouvernance. On ne peut pas protéger ce que l’on ignore. Les actions prioritaires incluent :
- Inventaire centralisé des API : maintenir un catalogue actualisé de toutes les API, avec leurs propriétaires, fonctions et flux de données.
- Découverte et surveillance continues : déployer des outils automatisés capables de détecter les points d’accès non autorisés et les anomalies de trafic.
- Contrôles d’identité renforcés : appliquer une authentification cohérente, le principe du moindre privilège et une gestion rigoureuse des jetons.
- Sécurité intégrée dès le développement : inclure les tests, revues de code et analyses de vulnérabilité dès les premières phases du cycle de vie.
- Collaboration inter-équipes : définir des politiques claires qui responsabilisent les développeurs et les métiers sans freiner l’agilité.
- Protection spécialisée : s’appuyer sur des fournisseurs reconnus tels qu’Imperva/Thales et Check Point, offrant protection en temps réel, détection d’anomalies et visibilité avancée sur les API.
De l’angle mort à l’avantage concurrentiel
La prolifération des API et les applications fantômes ne sont pas seulement des défis techniques ; ce sont des risques stratégiques qui touchent la conformité, la réputation et la confiance client. Mais c’est aussi une opportunité : celle de transformer une exposition cachée en un contrôle visible.
En investissant dans la gouvernance des API, les organisations réduisent le risque tout en gagnant en agilité et en confiance. La sécurité devient alors un levier de performance, et non un frein.
Pour les entreprises africaines, l’objectif est clair: innover avec audace, sans laisser la porte ouverte aux menaces.
Chez DataGroupIT, nous aidons les organisations à sécuriser leurs applications et leurs API grâce à nos frameworks de sécurité applicative et cloud, permettant aux équipes de construire plus vite, plus sûrement et plus intelligemment.
